Mohammad Bakri se rend sur la tombe de son ami et mentor, l’écrivain palestinien et membre de la Knesset Emil Habibi. Ensemble ils avaient rêvé d’une possible coexistence entre les peuples palestinien et israélien. Dans ce moment intime, il tente de lui résumer les changements aussi bien personnels que politiques qui se sont produits en Israël et en Palestine depuis sa mort. Bakri revient sur les évènements qui ont ébranlé ses convictions : le tumulte provoqué par son film Jenin, Jenin en 2002, l’implication de son neveu dans une attaque contre un bus israélien.
Acteur, réalisateur, producteur et scénariste israélo-palestinien, Mohammad Bakri a étudié le théâtre à Tel-Aviv. Depuis 1983, il a joué dans de nombreux films avec des cinéastes européens comme Costa-Gravas avec qui il tourne son premier film Hanna K. ou avec Saverio Costanzo dans Private (2004), qui lui vaut le prix du Meilleur acteur à Locarno. Il travaille aussi avec des réalisateurs israéliens, dont Uri Barbash et Amos Gitaï, et bien sûr avec des cinéastes palestiniens, comme Michel Khleifi avec qui il tourne Le Conte des trois diamants (1996), Zindeeq (2009), et Rashid Masharawi, pour L’Anniversaire de Leila (2009) et Haïfa (1996). En 1998, Mohammad Bakri réalise son premier film, 1948, un documentaire sur la Nakba. C’est aussi en documentariste qu’il entend raconter le sort des réfugiés palestiniens du camp de Jénine, victimes en avril 2002, de l’incursion israélienne la plus meurtrière de la seconde Intifada. Le film qui en sort, Jenin, Jenin, porte la parole brute des habitants du camp et sera censuré. Il réalise ensuite deux autres films Depuis que tu n’es plus là (2005) et Zahra (2009). On le retrouve à l’affiche de Girafada (Massalha, 2013) et il joue également dans la série culte de Canal + Le bureau des légendes en 2017. Depuis, il est apparu dans Wajib – L’invitation au mariage (Annemarie Jacir, 2017), American Assassin(Michael Cuesta, 2017), la série Homeland et enfin La conspiration du Caire (Tarik Saleh, 2022).