Rétrospective Luis Buñuel au 43e Cinemed

Luis Buñuel cinéma espagnol

LUIS BUÑUEL LE SURRÉALISTE

Inspiré tout au long de sa vie par l’énergie libératrice du surréalisme, le cinéaste espagnol Luis Buñuel auquel on doit une œuvre parmi les plus foisonnantes et les plus singulières, sera mis à l’honneur du 43e Cinemed à travers une grande rétrospective.

L’homme est un paradoxe à lui tout seul : athée nourri de christianisme (athée grâce à Dieu comme il le disait lui-même), réalisateur génial se moquant du statut d’auteur et refusant de se livrer à toute analyse de ses œuvres, bourgeois lui-même se régalant d’égratigner les bourgeois, Aragonais de souche qui a tourné la majeure partie de son œuvre loin de l’Espagne. Pétri de contradictions, Luis Buñuel n’en est pas moins un cinéaste intègre qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. « Je n’ai jamais tourné une scène qui fût contraire à mes convictions, à ma morale personnelle ».

Dès l’origine, les années 30, Luis Buñuel devient « le » cinéaste surréaliste par excellence avec trois films qui vont secouer le monde cinématographique de l’époque Un chien andalou (1929), L’Âge d’or (1930) considéré comme le manifeste cinématographique du surréalisme, Las Hurdes/Terre sans pain (1932).
De son passage parmi les surréalistes, Buñuel explique que « ce qui m’en est resté, c’est d’abord ce libre accès aux profondeurs de l’être, reconnu et souhaité, cet appel à l’irrationnel, à l’obscurité, à toutes les impulsions qui viennent de notre moi profond ».

Après les années américaines, la période mexicaine marque le retour d’un auteur majeur sur la scène mondiale avec Los Olvidados (1950), La Montée au ciel (1952), El (1953), La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz (1955), Navarin (1959), L’Ange exterminateur (1962) et Simon du désert (1965).
1961 est l’année où Luis Buñuel provoque un énorme scandale avec Viridiana, Palme d’or au festival de Cannes 1961 qui fut rejeté par l’Espagne franquiste, geste réitéré en 1970 avec Tristana.

Et puis, comment évoquer Luis Buñuel sans parler de sa fructueuse collaboration avec Jean-Claude Carrière, disparu en février dernier ?
La période française semble apparaître comme la conclusion étincelante d’une œuvre où le surréalisme reprend toute sa vigueur. Citons Le Journal d’une femme de chambre (1964), Belle de jour (1965), La Voie lactée (1969), Le Charme discret de la bourgeoisie (1972), et surtout Le Fantôme de la liberté (1974) et Cet obscur objet du désir (1977).

De ses dix-huit années de collaboration et d’amitié avec Buñuel, Carrière confiait :
« J’ai appris au contact de Buñuel, outre cette place nécessaire donnée au travail inconscient, que l’imagination est un muscle, qu’elle s’entraîne comme la mémoire. Et cet entraînement peut conduire notre imaginaire à se dépasser, à découvrir un nouveau monde dans le nôtre. Le surréalisme l’a bien prouvé. Le champ est large, plus large même que nous le supposons. »

C’est donc à ce voyage encore insoupçonné au-delà de notre imaginaire que nous vous invitons à travers cette grande rétrospective consacrée à Don Luis !